Cher Cram, qui semblez féru de grammaire,
Cher Cram, qui semblez féru de grammaire, fîtes-vous du latin? J'ai adoré le latin, qui me le rendait mal. L'ablatif absolu est à peu près la seule chose dont je me souvienne, et grâce à laquelle je peux briller une minute complète pendant un repas. "Partibus factis, sic verba fecit leo", soit en bon français: "Les parts ayant été faites, le lion parla ainsi." c'est-à-dire qu'une première proposition complètement indépendante de la phrase principale, est exprimée à l'ablatif si et seulement si son sujet (les parts) est différent de celui de la principale (le lion).
Extrait d'une fable d'Esope, je crois. Reprise ensuite par La Fontaine.
Et quand j'ai dit ça, j'ai dit TOUT ce que je savais.
Evidemment, l'ablatif absolu ne m'est d'aucune utilité dans la vie de tous les jours. Il est donc absolument essentiel à mon bonheur. D'abord, pendant que je pense à l'ablatif absolu, je suis dans un monde où l'argent, la notoriété, l'apparence physique et le pouvoir n'ont pas d'importance. Partibus factis. Je répète les mots qu'un homme a écrits il y a, euh, pas mal de siècles (la date de naissance d'Esope m'échappe pour l'instant), et bizarrement, cela me console.
Pendant ce temps-là, je n'ai pas à être performante, dynamique, équilibrée, et j'en passe.
(Je trouve que vivre demande de plus en plus de compétences: il faut faire ceci, être comme cela... Comme pour trouver du boulot!)
Je m'arrête là pour aujourd'hui... A bientôt, Mister Cram?